NINIVE(aujourd'hui Kuyundjik, à côté de Mossoul dans le nord de l'Irak)Les fouilles ont révélé que Ninive était l'une des plus anciennes cités de Mésopotamie (Ve/IVe millénaire). La première mention écrite est, elle, beaucoup plus tardive : on trouve un poisson (symbole de la déesse Nina, patronne de la ville) dessiné au milieu d'une ville sur une tablette de -2000.
Elle s'étendait sur les deux rives du Tigre et ne possédait pas de remparts : seule la cité royale en était ceinte (surface : 7 km²) et était percée de douze portes, chacune dédiée à un dieu. Les archéologues ont estimé qu'à son apogée elle a pu compter entre 120 000 et 175 000 habitants, et qu'il fallait trois jours de marche pour en faire le tour !
Remparts
Porte principale
Sa position géographique en faisait un carrefour commercial très fréquenté, au confluent des routes est-ouest (plateau iranien-Méditerranée) et nord-sud (Mésopotamie méridionale-Anatolie).
Les premières constructions monumentales dateraient du XIIIe siècle (Salmanazar I) mais c'est Sennacherib (705-681) qui déplaça la capitale de l'Assyrie de Dûr-Sharrukin (fondée par son père Sargon II) à Ninive, qu'il dût reconstruire presque entièrement, tant celle-ci était tombée en ruines.
Plus que par son statut de capitale, Ninive est surtout célèbre pour la "Bibliothèque" d'Aššurbanipal (669-626), roi lettré qui rassembla là plus de 5 000 ouvrages (environ 30 000 tablettes ont été retrouvées). Accessible à divers spécialistes tels que les médecins, les devins, les exorcistes, les astronomes ou les astrologues, c’était une collection de textes cunéiformes unique dans le monde antique (préfiguration de celle d'Alexandrie ?). Les textes était constitués d’archives "royales" (inscriptions, mémoires historiques, lettres...etc) et de textes littéraires (mythes et légendes, textes religieux et textes "scientifiques" portant sur l’exorcisme et la divination).
Une autre raison de la "célébrité" de Ninive tient à la "Prophétie de Jonas" dans laquelle Dieu lui ordonne de délivrer le message suivant : "
Encore 40 jours et Ninive sera détruite".(Jonas 3.4)
Jonas se rendit donc à Ninive, ville "païenne et décadente", pour enjoindre les habitants de se convertir (au judaïsme) pour éviter la colère divine. Dieu épargna la ville et Jonas s'en trouva fort désappointé, car ses prophéties n'ont pas été réalisées par Dieu. Son tombeau est d'ailleurs censé se trouver à proximité des ruines (Nebi Yunus).
Elle fut définitivement détruite en -612 sous les coups conjugués des Mèdes et des Chaldéens . L'impression que fit sa destruction sur les autres peuples peut être résumée par les paroles très imagées du prophète Nahum : "
Irréparable, ton désastre, incurables, tes blessures ! Quiconque apprend de tes nouvelles applaudit à ton mal. Eh oui ! Sur qui ta cruauté n’a-t-elle pas passé et repassé ? " (Nahum 3.19).
La destruction fut si radicale que, à peine deux siècles plus tard, Xénophon traversa ces ruines sans savoir quel en était le nom, ni quel peuple les avait habitées.